Glossaire BIM / IFC BIM

IFC BIM

Dans le monde en constante évolution de la construction et du bâtiment, l’adoption des technologies numériques, et notamment du Building Information Modeling (BIM), est devenue une nécessité pour améliorer la productivité, la collaboration et la qualité des projets. Au cœur de cette révolution se trouve l’IFC, une norme cruciale qui garantit l’échange fluide des données entre les différents logiciels de construction. Mais qu’est-ce que l’IFC exactement, et pourquoi est-il si vital pour le BIM ? Cet article vous propose un guide complet pour comprendre cette norme, de ses origines à son exploitation en France, en passant par sa structure et ses meilleures pratiques.

Que signifie IFC et quel est son objectif?

IFC est l’acronyme d’Industry Foundation Classes. L’IFC est un format de fichier standardisé et ouvert qui a été spécifiquement conçu pour l’échange de données numériques dans le secteur de la construction et du bâtiment. Sa mission principale est de permettre une interopérabilité sans faille entre les différents logiciels utilisés par les architectes, les ingénieurs, les entrepreneurs et les gestionnaires de projet.

L’objectif des IFC est de surmonter les obstacles créés par les formats de fichiers propriétaires. Sans l’IFC, chaque logiciel de conception BIM, de calcul structurel ou de planification de chantier utiliserait son propre format de données, rendant l’échange d’informations complexe, fastidieux et source d’erreurs. L’IFC agit comme un langage commun, une norme universelle que chaque logiciel peut lire et écrire, garantissant ainsi que toutes les informations de la maquette numérique restent intactes et accessibles à l’ensemble des parties prenantes du projet. Cette interopérabilité est fondamentale pour un projet collaboratif et efficace.

De ses origines à sa spécification : le chemin de l’IFC

L’idée d’une norme d’échange de données dans la construction est née au milieu des années 1990, en réponse à la fragmentation croissante des logiciels du secteur. L’Industry Alliance for Interoperability, devenue depuis buildingSMART International, a été créée pour relever ce défi. Son travail a abouti à la création de l’IFC, qui est depuis géré et développé en permanence pour répondre aux besoins changeants de l’industrie.

La spécification des IFC est un document technique détaillé qui décrit la structure du format de données. Ce modèle de données est un référentiel riche qui définit non seulement les objets de construction tels que les murs, les portes et les fenêtres, mais aussi leurs propriétés, leurs relations et les systèmes auxquels ils appartiennent. Chaque version de la spécification des IFC est le fruit d’un consensus international et vise à améliorer la précision et l’exhaustivité des données échangées. C’est grâce à cette spécification rigoureuse que l’IFC a pu s’imposer comme un format fiable.

IFC et BIM : Une relation symbiotique

Quelle est la norme IFC pour le BIM ? Pour faire simple, l’IFC est la norme ISO 16739-1 qui définit un format de données pour le BIM. C’est le standard international qui permet à la maquette numérique de s’affranchir des contraintes logicielles.

Le BIM ne se résume pas à un simple modèle 3D. C’est un processus collaboratif qui implique la création et la gestion d’une maquette numérique intelligente, contenant des informations géométriques, mais aussi des données non géométriques. L’IFC est le véhicule qui transporte toutes ces informations d’un logiciel à un autre. Un fichier IFC ne contient pas seulement la géométrie d’un mur, mais aussi ses propriétés (matériau, résistance au feu, coût, etc.), les relations avec d’autres objets, les systèmes auxquels il est rattaché (plomberie, électricité, etc.), et bien plus encore. Sans un format d’échange comme l’IFC, le concept même d’un flux de travail BIM ouvert et collaboratif serait presque impossible à réaliser. Le BIM est un processus, et l’IFC est l’outil qui le rend interopérable. C’est un point essentiel pour tous les acteurs du bâtiment et de la construction.

Comment est-il structuré ? Le modèle hiérarchique des IFC

La structure d’un fichier IFC est hiérarchisée et logique, à l’image du bâtiment qu’il représente. Au sommet de cette hiérarchie se trouve l’objet IfcProject, qui regroupe toutes les informations générales du projet, y compris l’unité de mesure et le nom. En dessous, on trouve les objets de type IfcSite (le terrain), IfcBuilding (le bâtiment), et IfcStory (l’étage).

Chaque étage contient un ensemble d’objets de construction tels que les murs (IfcWall), les dalles (IfcSlab), les portes (IfcDoor) et les fenêtres (IfcWindow). Chaque objet peut être associé à des propriétés spécifiques via le concept d’IfcPropertySet et à des quantités. Ce modèle de données, aussi appelé schéma IFC, assure que l’information est structurée de manière cohérente et qu’elle peut être lue de la même manière par n’importe quel logiciel. La clarté de cette structure est l’une des raisons principales de la robustesse de ce format.

En plus des objets physiques, le schéma IFC définit également des concepts plus abstraits tels que les systèmes (IfcSystem), les types (IfcType) et les catégories (IfcCategory). Par exemple, un IfcWallType peut décrire un type de mur (par exemple, un mur extérieur en brique de 20 cm) qui peut être réutilisé pour créer plusieurs instances (IfcWall) dans le projet. Les propriétés de ce type de mur, comme sa résistance thermique, sont alors héritées par toutes les instances, ce qui rend la gestion des données très efficace. Cette hiérarchie des objets et des données est essentielle pour une maquette numérique intelligente et performante.

Les formats des fichiers IFC : IFC2x3, IFC4 et IFC4.3

Au fil des ans, le format IFC a évolué pour s’adapter aux nouvelles technologies et aux besoins de l’industrie. La version la plus répandue et la plus utilisée en France et dans le monde est encore l’IFC2x3. Cette version a longtemps été le standard de fait pour l’échange de données BIM, notamment pour les projets de bâtiment et de construction.

Cependant, avec l’avènement de l’Open BIM et la complexification des projets, de nouvelles versions sont apparues. L’IFC4 a introduit des améliorations significatives, notamment pour la géométrie et la sémantique des données, rendant le format plus robuste et plus précis. Plus récemment, l’IFC4.3 a été développé pour étendre la norme aux infrastructures de génie civil, comme les ponts, les routes et les voies ferrées, comblant ainsi un vide important dans la standardisation des données. Chaque nouvelle version enrichit la spécification des IFC, ajoutant de nouveaux objets et de nouvelles propriétés, et renforçant l’interopérabilité. Un bon logiciel est celui qui peut gérer toutes ces versions de l’IFC.

Les différents formats de fichiers IFC

Outre les versions, il existe également différents formats de fichiers pour stocker et échanger les données IFC. Le format le plus courant est l’IFC-STEP, avec l’extension de fichier .ifc. Ce format, lisible par de nombreux logiciels et standardisé, est très utilisé. Il s’agit d’un fichier texte que vous pouvez même ouvrir avec un éditeur de texte simple, bien qu’il ne soit pas facile à lire sans un logiciel de visualisation dédié.

Il existe également d’autres formats moins courants mais tout aussi importants. Le format IFC-XML, avec l’extension .ifcxml, est un format basé sur le langage de balisage XML. Le format IFC-ZIP, avec l’extension .ifczip, est un fichier compressé qui contient un fichier .ifc et d’autres fichiers associés, ce qui permet de réduire la taille des fichiers et de faciliter leur transfert, notamment pour les projets de grande envergure. Ces différents formats permettent une flexibilité dans l’utilisation de l’IFC. Un bon logiciel doit pouvoir gérer ces différents formats.

Utilisation et outils pour les fichiers IFC

Comment ouvrir un fichier IFC ?

Pour exploiter un fichier IFC, vous avez besoin d’un logiciel de visualisation ou d’un logiciel de conception BIM capable de lire ce format. La plupart des logiciels de conception peuvent importer et exporter des fichiers IFC. Pour la simple visualisation et l’analyse de la maquette numérique, de nombreux logiciels gratuits et payants sont disponibles, tels que Solibri, Navisworks ou d’autres visionneuses en ligne comme Catenda Hub. Ces outils vous permettent d’explorer le modèle 3D, de filtrer les objets, de consulter leurs propriétés et de vérifier la cohérence des données. C’est une étape essentielle pour valider la qualité du format de fichier IFC reçu.

L’exploitation des IFC en Open BIM

L’exploitation des IFC ne se limite pas à la simple visualisation. Ce format est le fondement du travail collaboratif en Open BIM. Il permet à un architecte de concevoir une maquette numérique avec un logiciel, de l’exporter en IFC, et de la partager avec un ingénieur qui utilisera un autre logiciel pour ajouter sa maquette structurelle, également en IFC. Les deux maquettes sont ensuite combinées pour une coordination et une détection des conflits, ce qui est un gain de temps et de ressources considérable pour le projet de construction. C’est l’interopérabilité offerte par l’IFC qui rend ce processus possible.

L’adoption et l’exploitation des IFC en France

En France, le BIM et l’IFC ont connu une adoption progressive mais constante. L’État a joué un rôle important en promouvant l’usage du BIM, notamment à travers des initiatives comme le Plan BIM 2022, qui a encouragé l’adoption de la maquette numérique dans la commande publique.

Aujourd’hui, l’IFC est largement utilisé sur les grands projets de bâtiment et de construction. Il est souvent exigé dans les cahiers des charges pour garantir la bonne circulation des données entre les différentes équipes. Les professionnels du bâtiment, qu’ils soient architectes, ingénieurs ou entrepreneurs, sont de plus en plus sensibilisés à l’importance de ce format pour l’interopérabilité et la collaboration. Les logiciels de conception et de visualisation ont également adapté leurs fonctionnalités pour mieux prendre en charge le format IFC, garantissant que les propriétés et les informations soient correctement transférées. L’exploitation des IFC en France se démocratise, notamment grâce à des plateformes collaboratives qui gèrent et stockent les fichiers IFC et la maquette numérique de manière centralisée.

Conclusion

L’IFC est bien plus qu’un simple format de fichier. C’est un langage universel pour la construction, un standard qui a révolutionné la façon dont les professionnels du bâtiment collaborent. En garantissant l’interopérabilité entre les logiciels, il permet de créer une maquette numérique partagée, intelligente et riche en données. Qu’il s’agisse de sa structure hiérarchique, de ses versions successives ou de ses différents formats, chaque aspect de l’IFC est conçu pour faciliter le travail collaboratif et améliorer la qualité des projets de construction. Son adoption en France ne cesse de croître, faisant de cette norme un élément incontournable de tout projet BIM.